22ème chronique La bête va revenir !

Pierre Perret est un grand poète, grivois, provocateur, romantique et aussi courageux(1). A côté des bien connus « le zizi » ou « les colonies de vacances » qui ont enchanté les enfants et fait sourire les parents, il a écrit

la sublime  « Lily »,

Elle croyait qu´on était égaux Lily
Au pays de Voltaire et d´Hugo Lily

les lucides « Femme Grillagée »,

Quand la femme est grillagée
Toutes les femmes sont outragées
Les hommes les ont rejetées
Dans l’obscurité.

et « Femme Battue »,

Oui c’est à toutes les femmes battues
Qui jusqu’à présent se sont tues
Frappées à mort par un sale con,
Que je dédie cette chanson.

… et surtout « La Bête est Revenue »

Attention mon ami, je l´ai vue.
Méfie-toi : la bête est revenue!…

De cette bête à chagrin
Instillant par ses chants de sirène
La xénophobie et la haine.

Quand on constate que les forces brunes sont susceptibles de largement remporter en voix les prochaines élections régionales, cette dernière chanson est plus que jamais d’actualité.

Mais que recherchent les (nombreux !) esprits faibles dans le vote Front National ?

  • Une protestation contre l’inconsistance des politiques au pouvoir depuis 50 ans ?                                                                                                    Mais c’est oublier que la gauche comme la droite traditionnelles mènent depuis cette époque une politique sociale-libérale qui      accompagne plus ou moins bien socialement le développement du capitalisme en France et son intégration dans l’économie mondiale. Et que la majorité des français de fait l’acceptent ou du moins s’en contentent.

 

  • Une volonté de mettre au pouvoir un parti inconsistant dans sa politique et son éthique parce qu’on ne récolte pas (ou on pense ne pas récolter) les fruits du fonctionnement de cette économie ? Quelles propositions ?                                                                                                    –  Sortir la France de l’Euro ? La dévaluation qui s’en suivrait rendrait plus chères nos importations (qui représentent 25 % de notre richesse consommée) et notre endettement extérieur. Au profit de quelle autonomie retrouvée ? La maîtrise de la politique monétaire ? Celle de la Banque Centrale Européenne inonde aujourd’hui (ce n’était pas vrai il y a 3 ans) l’Europe de liquidités qui ne servent qu’à augmenter la valeur des marchés boursiers et non à dynamiser l’économie réelle.                                                                                                     –  La France aux français ? Mais de quoi parle-t-on ? De ces boucs émissaires à la peau noire ou basanée qui viendraient manger notre pain ? Qui font pour la plupart les travaux que les français refusent de faire, habitent dans les logements où les français refusent d’habiter et qui participent comme tout le monde à la vie collective (impôts, cotisations sociales) !

L’alternative aux politiques traditionnelles peu mobilisatrices n’est certes pas à chercher dans le simplisme et les provocations de l’extrême droite. Pour rétablir l’enthousiasme populaire, il faut simplement

– éradiquer la pauvreté et établir un impôt juste et compréhensible (cf 18ème chronique),

– proposer du travail à (presque) tout le monde (cf 19ème chronique) et

– transformer la façon de produire et de travailler (cf 21 ème chronique) dans un monde mobilisé autour des questions écologiques et du bien vivre ensemble (chroniques à venir).

Bref de donner aux français une vraie vision et des objectifs ambitieux mais réalistes car toutes ces propositions peuvent être mises en place sans grandes difficultés mais avec une farouche volonté politique au cours d’un seul mandat présidentiel.

Alors… FEMERAC PRESIDENT ?

Un peu de bon sens, bon sang

(1) On se procurera avec profit le triple album de ses principales chansons « l’âge de Pierre » sorti en 2013.

FEMERAC

Si j’étais un vrai président – 4ème épisode : l’Entreprise Equitable

21ème chronique

Cette chronique reprend, revisitée par Femerac, un article paru dans le Monde.fr le 1er juillet 2013 et cosigné avec Claude Escarguel et Hubert Viallet, tous trois fondateurs de l’association « L’Entreprise Equitable : pour réconcilier esprit d’entreprise et partage ». Le concept a été élaboré et testé par Claude Escarguel.

La chemise déchirée du DRH d’Air France par des salariés en colère relève peut-être d’une violence inacceptable, mais elle révèle surtout que l’entreprise traditionnelle a vécu. Comment en effet continuer à écarter tout au long du processus de décision stratégique dans l’entreprise les hommes et les femmes pour la plupart très instruits et très compétents qui la font fonctionner.

L’alternative à l’entreprise d’aujourd’hui n’est pas l’éclatement généralisé prôné par certains responsables politiques ou patrons : tous les salariés en autoentreprise viendraient chaque matin s’enquérir auprès d’un grand organisateur de main d’œuvre si on a besoin d’eux ou non (cf l’article dans Le Monde et le Monde.fr du 8 juillet 2015 de Na-Ko-Mo sous une forme plus subtile !). Ce phénomène est déjà à l’œuvre en Grande- Bretagne.

Ben voyons : pourquoi pas un retour à l’esclavage : ce serait encore plus simple ! Il n’y aurait plus de chômeurs, seulement des esclaves inoccupés !

Non. L’entreprise du XXIème siècle ne peut plus ressembler à celle du XIX ème siècle et si l’on veut que cette entreprise soit performante et mobilise toutes les énergies dans une vision partagée, l’ensemble des parties prenantes (créateur, apporteurs de capitaux, salariés) doivent tous participer à la fois au processus de décision et au partage de la valeur ajoutée.

C’est dans cette optique résolument moderniste qu’un vrai président proposerait (1) que chaque entreprise française se transforme progressivement en Entreprise Equitable où les salariés détiendraient par l’intermédiaire d’un Société coopérative les regroupant

  • 33% des voix au Conseil d’Administration.
  • Au moins une action symbolique.

Et où chaque année

  • Un tiers de l’Excédent Brut d’Exploitation (c’est-à-dire ce qu’il reste à l’entreprise une fois les charges d’exploitation  payées dont les salaires) serait transféré à la Coopérative des Salariés sous forme d’actions gratuites (il n’y aurait donc pas transfert effectif de fonds et donc pas de problème éventuel de trésorerie pour l’entreprise).

Ce phénomène se poursuivrait jusqu’à ce que les salariés obtiennent 33 % du capital social de l’Entreprise ; le mécanisme pouvant se poursuivre au-delà de ce seuil si le Conseil en décidait ainsi.

  • La coopérative reverserait aux salariés de façon uniforme les dividendes correspondant à la part des salariés dans le capital social.

Le mécanisme de l’Entreprise Equitable est ici succinctement décrit. Il a été affiné pour que ces mécanismes ne soient manipulables ni par les salariés ni par les autres parties prenantes. Et donc soit viable sur le long terme.

Il respecte l’esprit de la participation gaullienne.

Cette entreprise crée par essence toutes les conditions pour être très performante et non conflictuelle, car mobilisatrice et participative. Même si il est évident que nous ne vivons pas dans le monde des Bisounours !

Elle deviendra rapidement un modèle diffusable, y compris à l’étranger. et pour une fois la France aura montré la voie.

Un peu de bon sens, bon sang

(1) Pour la petite histoire, il faut savoir que François Hollande, alors premier secrétaire du PS, a été bien informé des travaux de Claude Escarguel et qu’il lui a même écrit une lettre le félicitant de ses très intéressantes propositions. Mais pourquoi changer !!!

FEMERAC