42ème chronique Salauds de pauvres et de migrants !

La manchette du Monde du 1er novembre fait froid dans le dos : « L’hostilité envers les pauvres s’exprime de plus en plus ouvertement en France ».

Elle se traduit, toujours selon ce journal, par une « dégradation des centres d’accueil, des arrêtés anti-mendicité, une chasse aux sans-abris ». Migrants et SDF se font concurrence pour des hébergements en nombre largement insuffisant. De plus en plus « les communes et les français rejettent ces populations ».

Franchement insupportable.

Comment la cinquième ou sixième puissance au monde (selon le cours de la livre) peut-elle, avec ses 2 000 milliards d’euros de PIB c’est-à-dire de richesse créée, et ses 65 millions d’habitants ne pas consacrer quelques moyens à des dizaines de milliers de sans-abri et quelques milliers de migrants ? Et ne parlons pas de l’Europe, la zone la plus riche du monde avec ses 510 millions d’habitants. Le Liban avec son PIB de 47 milliards de dollars (43 milliards d‘euros) et sa population de 4 millions d’habitants accueille aujourd’hui 1 million et demi de migrants syriens.

Bien sûr il y a des SAMU sociaux, 450 centres d’accueil et d’orientation pour migrants, des bénévoles mobilisés au travers des ONG et par initiative individuelle. Bien sûr il y a des communes accueillantes et dynamiques comme Grande-Synthe dans le Nord. Mais règne globalement un rejet du SDF et du migrant, et des pauvres en général, comme si c’était le miroir insupportable d’une déchéance future possible ; comme si le fait de plus ou moins s’en sortir n’était lié qu’à nos seules capacités propres, sans tenir compte des aléas de la vie (maladies, décès, incapacités, divorces, guerres,…) qui brisent et excluent les individus.

Bien sûr la haine de l’autre, de l’étranger, du différent, … a toujours existé, mais elle s’exacerbe dans une société qui n’a pourtant jamais été aussi riche (si on exclut les 15 % de pauvres) mais malheureusement jamais aussi individualiste dans un consumérisme exacerbé. Adieu compassion et solidarité et bonjour moi. Et voilà comment les esprits faibles, de gauche et de droite, amènent de moins en moins subrepticement les forces brunes au pouvoir.

Bien sûr selon la formule bien connue de Michel Rocard, « l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde » en ajoutant, ce que tout le monde oublie et notamment Sarkozy lors de « l’Emission Politique » sur France 2 le 15 septembre dernier, « mais elle peut prendre sa part de cette misère.»

Dans les programmes des candidats à la présidentielle, rien pour vaincre la pauvreté sauf chez Mélenchon (« abolir la précarité » mais avec des mesures bien légères et bien peu efficaces) et chez les verts (« un revenu universel inconditionnel et personnalisé » ce qui est vague), et rien pour l’accueil favorable des migrants, bien au contraire.

Alors que diable, un peu de solidarité et de courage politique. Pour un revenu universel conséquent qui éradique la pauvreté (cf  31ème chronique) et un dispositif conséquent d’hébergement des SDF et un accueil positif et une  prise en charge dynamique des migrants. Pour que la France redevienne une terre d’asile et de solidarité, et non pas une zone de haine et d’égoïsme.

Avec un peu de bon sens, bon sang !

FEMERAC

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