Si j’étais un vrai président – premier épisode
Le nivellement progressif et par le haut du coût du travail et du capital en Europe.
J’ai déjà exprimé le point de vue que François Hollande était un mauvais stratège. Je vais essayer de le prouver par l’absurde en montrant, au travers de plusieurs articles consacrés à ce thème, que quelques mesures structurantes, mais faciles à prendre, seraient à même de résoudre de nombreux problèmes économiques.
Aujourd’hui l’Europe, pour donner un cadre à l’action.
L’Union Européenne (UE), composée de 28 membres depuis l’arrivée de la Croatie le 1er juillet 2013, est un patchwork en matière de normes sociales et d’imposition :
- Le salaire mensuel moyen brut varie de 1 à 4-5 entre d’un côté la Bulgarie et la Roumanie et de l’autre les Pays-Bas ou le Luxembourg (cf Eurostat). Les salaires horaires minimaux varient sur une plage encore plus large.
- Le taux d’impôt sur les bénéfices varie de 1 à 3 entre d’un côté la Bulgarie et l’Irlande et de l’autre l’Allemagne, la Belgique, la France et Malte.
- Le taux d’impôt maximal sur les revenus varie de 1 à 3-4 entre les pays de l’Est et les pays du Nord de l’UE.
Pour la zone euro qui regroupe 19 des 28 pays, les écarts sont moindres mais restent significatifs (et entre les 9 autres pays et la zone euro, les différences de taux de change ne pallient pas les écarts).
Ces disparités ont pour effet de distordre la concurrence entre les pays de l’Union où la circulation des marchandises et du capital est libre et celle des hommes très facile (cf l’histoire bien connue du plombier polonais). Cela induit des comportements de délocalisation, des optimisations fiscales et surtout une pression à la baisse des salaires et des couvertures sociales qui n’ont aucune justification économique.
Si j’étais un vrai président, avec une vision stratégique, et si j’étais un peu courageux, j’irai voir Madame Merkel et Monsieur Renzi et leur proposerait d’adopter un mécanisme de convergence vers le haut ,en 5 ou 10 ans, du salaire minimum, du taux d’imposition sur les sociétés et du taux maximal d’impôt sur les revenus ? Cette convergence qui permettra aux pays de l’Union de retrouver des marges de manœuvre budgétaires, d’effacer progressivement les dettes publiques et d’éviter ces inutiles distorsions de concurrence créera progressivement (et rapidement) une zone dynamisée par la hausse des plus bas salaires et où la compétitivité des entreprises se fonderait non plus sur des écarts de salaire ou d’avantages sociaux mais sur la créativité et l’efficacité des hommes. Cette zone où, il ne faut jamais l’oublier, se réalisent les deux tiers des échanges extérieurs des pays qui composent l’Union, le taux d’ouverture de l’Europe au reste du monde étant seulement d’un tiers. Cela relativise les effets de délocalisations vers l’Asie notamment, même si cela suppose que toute société non européenne qui travaille sur le marché européen soit imposée sur les résultats de ce marché au taux.européen. La production devenue plus chère en Europe (beaucoup d’entreprises ont délocalisé dans les pays de l’Europe où les salaires sont les plus faibles) peut certes inciter à la délocalisation hors Europe mais il sera plus facile qu’aujourd’hui,dès lors que l’Europe est une instance économique aux coûts homogénéisés, de mettre progressivement en oeuvre des taxes à l’importation (qui existent déjà) qui permettront de limiter ce phénomène. Taxes qui inciteront d’ailleurs les autres pays à imiter l’Europe.
Bon sang mais c’est du bon sens. Et en plus c’est très facile. Et qui peut vraiment s’opposer à une telle mesure qui profite à tous. Pourquoi personne ne le met sur la table de la commission. Mystère ?
A suivre.
FEMERAC
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Hollande réélu en 2017… 06 avril 2015
J’ai parié une caisse de bouteilles de champagne que François Hollande serait réélu en 2017. Je vais gagner mon pari. Voici pourquoi.
François hollande est un homme très intelligent. Mais il met son intelligence au service du court terme. C’est un excellent tacticien mais un mauvais stratège. Ou pour être plus précis : c’est un non-stratège. Le long terme ne l’intéresse pas. Dès son élection en 2012, il a pensé à sa réélection : c’est cela seul qui l’intéresse et qui l’amuse. Seul compte le pouvoir et sa capacité d’influence sur les personnes. C’est sa personnalité. Depuis trois ans je me demande pourquoi il ne fait rien de structurant pour montrer qu’il est un peu de gauche. Car on peut en faire des choses (ce sera l’objet de mes prochaines rubriques : il faut bien faire un peu de teasing !). Mais j’ai enfin compris : ce n’est pas son problème. Il se moque complètement de l’avenir de la France et du bien-être du peuple de France, même s’il a toutes les cartes en main. Seul le quotidien l’intéresse. Carpe diem et le reste…
Mais alors me direz-vous, il est fichu, sa côte est au plus bas, il ne sera jamais réélu, Manuel Valls prendra sa place comme candidat en 2017 et basta… Que nenni. Intelligent et grand tacticien je vous dis. Car que va-t-il se passer ? C’est très simple :
- Nicolas Sarkozy sera le candidat de la droite à la présidentielle, désigné par le peuple de droite. Car il est habile et tuera tous ses concurrents.
- Marine Le Pen sera évidemment candidate pour le FN.
- François Hollande sera le candidat du Parti Socialiste car il n’y aura pas de primaires à gauche. On n’a jamais vu un président sortant se soumettre à un tel exercice qui ne pourrait que nuire à ce parti.
Et ensuite ?
Les français n’aiment pas Nicolas Sarkozy, sa côte n’est guère meilleure que celle de François Hollande, et pour cause : tout ce qu’il reproche aujourd’hui à la gauche de ne pas faire, il ne l’a pas fait lui-même. Il n’a aucune idée nouvelle et il n’a même plus l’enthousiasme de 2007. Il sera troisième au premier tour de l’élection. Certes pas loin, mais troisième. Alain Juppé aurait été au second tour, mais Alain Juppé ne passera pas les primaires, tant pis pour la droite…
François Hollande, un peu aidé par une reprise molle mais réelle de l’économie en 2016 avec une petite diminution du chômage, sans aucun lien avec son action, et soutenu par la gauche qui hait Sarkozy et le FN, devancera l’ancien président d’un ou deux points au premier tour. Ce sera suffisant pour être au second.
Marine Le Pen, soutenue par les forces brunes, sera au second tour, en tête ou pas au premier tour, peu importe.
Dès lors le match est joué. Comme Chirac en 2002, qui n’aurait jamais dû être élu, François Hollande sera réélu. Avec seulement 56-58 % des voix ; Chirac avait fait 82% !.
Je vais gagner mon pari. Pauvre France.
Femerac
Bien sûr, …des fascistes en puissance ! 2 avril 15
Lors des élections départementales « nouvelle formule », les français (en dehors des parisiens) ont voté pour un couple homme-femme politique dont on se demande bien comment ils vont travailler ensemble et surtout dans quel cadre futur tant l’avenir des départements est incertain dans sa forme (combien de temps les départements vont-ils continuer à exister ?) et sur le fond (quelles seront les futures prérogatives des assemblées départementales ?).
Mais ceci, qui est cocasse, n’est pas le plus important.
Car les français se sont mobilisés pour voter davantage pour des partis que pour des individus (sauf pour les personnalités les plus en vue et encore). Tant il est toujours vrai que les élections intermédiaires entre deux présidentielles sont un test de satisfaction (et plus souvent de mécontentement) pour le gouvernement en place. Or le résultat est clair : faute d’une véritable vision politique mobilisatrice, la gauche au pouvoir a été sanctionnée puisqu’au premier tour, le PS et ses alliés y compris les verts (qui sombrent !) n’ont obtenu que 24 % des suffrages exprimés. La gauche Mélenchoniste qui n’a toujours qu’une faible crédibilité tant son discours parfois pertinent est trop critique, trop confus et surtout trop global (j’y reviendrai un autre jour) reste à un niveau médiocre : 6%. Le Modem n’existe plus et la droite réunie (sarkoziste ? sans doute pas !) attire à peine de 30 % d’électeurs soit le score assez médiocre de son leader au premier tour de la dernière présidentielle.
Non, le résultat le plus inquiétant, même s’il était annoncé encore plus important , c’est que 25 % des français ont voté pour les forces brunes au premier tour et un français sur trois lors du second tour lorsqu’ils étaient concernés. Je dis bien des français car le discours consistant à dire que le FN ne réunit qu’un quart de 50 % de votants exprimés soit « seulement » un huitième de la population est une manipulation mentale de commentateurs irresponsables enfouissant tels des autruches leur tête dans le sable. On peut en effet considérer d’un point de vue statistique que l’expression de plusieurs millions de français est représentative de l’ensemble et donc que l’on peut appliquer les taux obtenus à toute la population. Sauf s’il était démontré que les abstentionnistes appartiennent à des catégories à part mal représentées dans les votants (Catégories Socio-Professionnelles, niveau d’éducation,….). Or les sondages Ipsos réalisés en 2014 montrent que ce n’est pas le cas et qu’il est même possible que le FN soit davantage représenté dans les abstentionnistes que parmi les votants.
Donc un français sur quatre est en puissance fascisant . Je pèse mes mots. Dans les années 1930 les allemands, au coeur d’une crise économique grave et devant payer un lourd tribut financier aux vainqueurs de la guerre (ceci est un sujet à part entière), ont voté pour Hitler ; et les forces économiques et politiques de l’époque (cf les Ecrits sur l’Allemagne 1932-33 de Simone Weill) ont de fait laissé ce dernier devenir chancelier, le trouvant sans charisme et facilement manipulable !!! 80 ans après, l’histoire semble se répéter : on laisse Marine la brune exacerber sous un masque démocratique, que n’a jamais porté son père plus honnête dans l’ignominie, les tendances xénophobes, racistes et haineuses des esprits faibles de la Nation. N’oublions jamais que les allemands occupants étaient eux-mêmes étonnés, voire écoeurés, pendant la seconde guerre mondiale, par les dénonciations incessantes de nombreux français à l’encontre de leurs voisins. Un français qui vote FN est totalement responsable de la montée en puissance de ces forces brunes et il n’est pas possible d’affirmer que ces votes ne sont que l’expression d’un mécontentement passager. D’une part parce qu’il est méprisant pour la démocratie où le vote de l’idiot du village a le même poids que celui du professeur au Collège de France et c’est normal, de considérer que le vote de tout français est moins important ou moins significatif ou moins responsable qu’un autre ; on peut sociologiquement commenter mais on a le devoir de respecter les votes. D’autre part on peut expliquer ce vote par les égarements du gouvernement et la déception qu’il provoque dans les couches populaires qui font face au chômage et à des fins de mois difficiles ainsi que l’absence d’alternative crédible de la droite républicaine, mais ceci ne peut en aucune façon justifier le vote pour l’extrême droite.
Le premier ministre a donc raison de combattre le FN en tant que tel, même s’il le fait pour de mauvaises raisons (électorales) et même s’il est coresponsable de sa montée en puissance. Mais il est très décevant (et très dangereux pour l’avenir) que les forces intellectuelles vives de la Nation ne se soient guère mobilisées dans ce combat contre le fascisme naissant. On voit seulement Beate et Serge Klasfeld (qui s’y connaissent en fascisme (cf leurs Mémoires qui viennent de paraitre) s’exprimer durement dans le Nouvel Obs, mais pas d’appels ou de pétitions aux illustres signatures, ni défilés massifs comme en 2002. Grave je vous dis.