53ème et dernière chronique A gauche, à droite….

Il n’est pas très utile pour la réflexion de mettre sur les gens des étiquettes politiques. Les bons et les méchants, au sens de l’intérêt collectif, ne sont pas toujours là où on croit. Pour autant il faut éviter les mélanges et les confusions.

Le philosophe Alain disait : « Quand on me demande si la division entre partis de droite et de gauche, entre gens de gauche ou de droite, a encore une quelconque signification, la première chose qui me vient à l’esprit est que quiconque pose la question n’est certainement pas de la gauche. » (Éléments d’une doctrine radicale, 1925).

La confusion règne dans les esprits car elle est entretenue par beaucoup de politiques qui ont perdu leurs repères.

Chacun connait l’origine historique du clivage gauche-droite qui se trouve dans la position géographique des différents partis politiques dans l’assemblée nationale d’août-septembre 1789[1]. Cette tradition a perduré. Mais qu’en est-il sur le fond ?

Emmanuel Macron n’aime pas le concept gauche-droite, il lui préfère celui de progressistes-conservateurs. Cela reste conceptuel et n’est guère éclairant : de quel progrès parle-t-on ?

Il y a la phrase plus parlante mais provocatrice d’Arnaud Fleurent-Didier (Reproductions 2010) : « Fils de gauche, milite ! Fils de droite, hérite ».

Il y a la définition donnée par plusieurs orateurs en mai 2016 lors d’un colloque « La gauche et le pouvoir » : « La gauche c’est la patrie de ceux qui ne se satisfont pas du monde tel qu’il va »[2]. Vision négative : on est contre mais on est pour quoi ?

Il y a les trois gauches de Michel Onfray (cf Le Monde du 2-04- 2011) :

  • « Avec la gauche libérale, l’éthique de conviction disparait sous le rouleau compresseur de l’éthique de responsabilité ».
  • « La gauche antilibérale est à l’inverse de la première : tout à ses convictions, sans aucun souci des responsabilités. Chez elle, on parle d’autant plus haut et fort qu’on sait le pouvoir inaccessible autrement que par un jeu d’alliances qui fait d’elle un supplétif vite vidé de son sang… A vouloir la révolution sinon rien on n’a rien et surtout pas la révolution ».
  • « La gauche libertaire française (en opposition à la gauche libertaire …autoritaire de type Bakounine). Elle est éthique de conviction responsable et éthique de responsabilité convaincue… Son souci n’est pas de gérer le capitalisme comme la gauche libérale, ni de briller dans le ressentiment et les mots sans pouvoir sur les choses, mais de changer la vie dans l’instant, là où on est ».

On a envie d’aimer cette gauche libertaire là. Encore faut-il lui donner un contenu plus précis. C’est pourquoi, on préférera globalement parler de « la recherche d’une société solidaire »  qui  permet de définir les grands objectifs de la politique économique :

Solidaire en Eradiquant la pauvreté qui est inacceptable dans la 5ème puissance mondiale (le revenu universel) ;

Solidaire en Régulant les marchés local et international pour intégrer dans les échangesle respect des hommes et de l’environnement (l’échange équitable) ;

Solidaire en Réduisant les inégalités par le partage des richesses dès leur création dans l’entreprise et en donnant aux hommes toutes leurs responsabilités de producteurs (l’entreprise équitable) ;

Solidaire en Développant la créativité dans l’enseignement et la création d’entreprise (l’école participative et l’incitation à entreprendre) ;

Solidaire en permettant à chacun d’accéder à une santé performante (la généralisation des centres de santé polyvalents en complément d’un hôpital spécialisé ; la prévention) ;

Solidaire en Donnant la parole aux citoyens dans la ville (la participation locale) ;

Solidaire avec les pays pauvres et les exilés politiques ou économiques (l’aide au développement et l’accueil responsable des migrants) ;

Solidaire en Acceptant les cultures différentes dans le respect de l’autre (la laïcité) ;

Solidaire en assurant la promotion de la paix dans le monde.

Cette société solidaire n’est pas le monde des bisounours (même si celui-ci semble exister chez les muriquis, ces singes très évolués d’Amérique du Sud qui résistent à la fièvre jaune, font l’amour tout le temps et jamais la guerre) (cf le Monde du 15 mai 2017). Les conflits entre les hommes sont certes permanents mais toute cette solidarité est relativement facile à mettre rapidement en œuvre et crée un cercle vertueux. Et puis c’est peut-être utopique mais comme le suggérait Oscar Wilde, « le progrès c’est l’utopie ».

Alors gauche, droite ? Non : Solidaire !

* *  *

La diffusion de ces chroniques, lancées il y a maintenant 26 mois, reste très (trop !) confidentielle, ce qui s’explique sans doute par une diffusion restreinte et non forcée par des procédés mercantiles. Il n’y a pas eu l’amplification que l’on espérait au départ compte-tenu de l’absence sur le marché de textes (gratuits voire même payants) essayant de concilier comme ces chroniques pédagogie, analyse et propositions économiques.  C’est sans doute que dans notre société, à l’information surabondante, la chronique écrite n’est pas (n’est plus ?) un bon véhicule de communication. Il va nous falloir trouver d’autres formes d’expression.

Merci à mes lecteurs fidèles et …. un peu bon sens, bon sang ! FEMERAC

[1] Lors d’un débat sur le poids de l’autorité royale face au pouvoir de l’assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de la noblesse et du clergé) se regroupèrent à droite du président de l’assemblée constituante (position liée à l’habitude des places d’honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche sous l’étiquette de « patriotes » (majoritairement le Tiers état). (Wikipedia)

 

[2] Cité par Anne Sinclair dans « Chronique d’une France blessée » (Grasset Mars 17)

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