Débuts de siècle…

Le XVème siècle a commencé le 30 mai 1431 avec la mort de Jeanne d’Arc et le début de la fin de la guerre de 100 ans.

Le XVIème siècle a commencé le 30 mai 1515 avec la victoire de Marignan et la paix en Europe.

Le XVIIème siècle a commencé le 14 mai 1610 avec l’assassinat de Henry IV par Ravaillac et la fin de la Renaissance.

Le XVIIème siècle a commencé le 1er septembre 1715 avec la mort de Louis XIV et l’avènement du siècle des lumières.

Le XIXème siècle a commencé le 18 juin 1815 avec la bataille de Waterloo et la déchéance de Napoléon.

Le XXème siècle a commencé le 28 juin 1914 avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand par un serbe de Bosnie et l’enclenchement de la Première Guerre Mondiale.

Le XXIème siècle a commencé le 11 septembre 2001 avec les attentats organisés aux Etats-Unis par Al-Quaïda. Sauf pour la France qui est resté qui n’est toujours pas rentrée dans le siècle comme le prouve le futur combat présidentiel excitant et de haute tenue entre François Hollande, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen en mai 2015 ! Au secours !

FEMERAC

Pour un vote blanc qui compte

Plusieurs lecteurs de mon blog m’ont fait part de leur désaccord sur le fait de traiter de fascistes en puissance les personnes qui votent pour le Front National. Pour eux ce vote est un vote de contestation et même de ras le bol face à l’inaptitude des partis traditionnels à apporter des réponses concrètes à leurs problèmes. Je partage cette argumentation mais je maintiens ma position :

1) Dans une démocratie chaque vote doit être considéré comme responsable.

2) Je ne crois pas une seule seconde à la dédiabolisation du FN.

3) Je suis persuadé qu’au premier tour le nombre de candidats est presque toujours suffisant pour qu’on puisse voter « le moins pire » en cas d’hésitation ou d’engouement limité. Et donc que le vote FN est bien un vote choisi.

Pour autant je suis d’accord que se pose le problème de savoir pour qui voter quand aucun des candidats ne convient au deuxième tour d’une élection. Je renvoie à la valse-hésitation d’une bonne partie de l’électorat dans la confrontation Chirac – Le Pen de 2002. Il y a heureusement eu à cette époque un réconfortant sursaut républicain dont je ne suis pas sûr qu’il se reproduise à l’avenir avec autant d’intensité. Il convient donc de proposer aux français de pouvoir exprimer leur désaccord par un vote blanc qui soit comptabilisé parmi les suffrages exprimés.

Car aujourd’hui voter blanc ne sert à rien et beaucoup de français ne vont pas voter si les quelques candidats qui restent en lice au second tour sont en dehors de leur champ de préférences. Pourquoi en effet se déplacer. Or le vote blanc a bien pour les électeurs cette signification profonde : les candidats en présence sont trop éloignés de leurs idées et ne sont pas considérés comme aptes à les représenter    : c’est une véritable expression dont il faut tenir compte.

La loi de février 2014 a permis de comptabiliser les votes blancs qui ne sont plus désormais mélangés au vote nul ce qui fut un progrès (depuis 1852 !), mais la loi n’est pas allée jusqu’à les intégrer aux suffrages exprimés officiellement parce que le candidat du second tour ayant le plus de voix à la présidentielle pourrait ne plus avoir la majorité absolue et donc ne pas être déclaré élu : c’est ce qui se serait passé en 1995 avec Chirac et en 2012 avec Hollande ! Il faudrait alors revoter.

Mais c’est bien cela qui est intéressant : avec le vote blanc comme suffrage exprimé il est possible que le pays souhaite de nouvelles élections car aucun candidat ne lui convient. Au deuxième tour de ma circonscription aux élections cantonales 2015, l’élu l’a été avec 71 % des voix (c’était contre le FN) mais avec seulement 43 % d’exprimés si on enlève l’abstention et les votes blancs et nuls, soit 30 % des inscrits. Médiocre représentation.

Reconnaitre le vote blanc à part entière c’est faire avancer notre démocratie et c’est peut-être faire reculer le vote pour les forces brunes.

Bon sang mais c’est bien sûr !

FEMERAC

Le chômage : un indicateur pertinent ? Mais de quoi ?

Tous les mois la presse commente, avec grand bruit mais sans véritable analyse, l’évolution du nombre de chômeurs. Et globalement compare les taux de chômage des différents pays en montrant du doigt les plus mauvais scores. Cet indicateur est devenu central dans le pilotage de l’économie par les politiques (la fameuse inversion de la courbe du chômage). Mais ceci a-t-il un sens ? Le chômage ne fait que de mesurer à un instant donné la capacité d’une économie à fournir un emploi à toutes les personnes qui se présentent sur le marché du travail. Elle ne mesure que très partiellement la bonne santé de l’économie.

Pour caricaturer (un peu seulement), une économie peut être extrêmement performante avec 5 millions de chômeurs si elle vend très cher au monde entier de nombreux produits de très haute qualité avec une grande productivité et de façon performante (c’est-à-dire souvent très automatisée, avec une main d’œuvre très qualifiée et peu nombreuse). La valeur ajoutée dégagée par ces secteurs performants permet de rémunérer les chômeurs.

A l’inverse, et toujours dans la caricature (légère), une économie peut être sans chômeurs si elle produit avec une très faible productivité, et donc avec beaucoup de main d’œuvre, des biens de faible valeur ajoutée uniquement destinés à la population locale en se mettant intelligemment (est-ce possible aujourd’hui sur le long terme ?) à l’abri de la concurrence internationale, et si elle consomme très peu de biens importés de haute technicité.

L’évolution du nombre de chômeurs ne va donc dépendre qu’en partie de l’efficacité et de la compétitivité de l’économie. Elle est aussi liée à des phénomènes modifiant l’arrivée des personnes sur le marché du travail. Quand le président Chirac décide en 1996 de supprimer le service militaire obligatoire pour les jeunes nés après 1979, il entraine mécaniquement une arrivée massive de près de 400 000 personnes supplémentaires sur ce marché sans que rien n’ait changé du côté de l’offre : tous les garçons d’une génération se rendent à Pôle emploi au lieu d’aller dans une caserne ! De même quand les lois Fillon de 2003 modifient l’âge de départ à la retraite, augmentent le nombre de trimestres nécessaires et créent le système de la décôte, les salariés ont  progressivement retardé leur départ à la retraite, empêchant ainsi les jeunes générations d’accéder à ces emplois : l’effet sur le chômage concerne plusieurs centaines de milliers d’emplois. Dans tous ces cas ce sont les jeunes qui ont davantage de difficultés sur le marché de l’emploi ; rien d’étonnant à voir cette catégorie vivre avec des taux de chômage très importants.

Plus généralement, l’évolution du chômage va dépendre du taux d’activité des hommes et des femmes, taux qui peut fluctuer pour des tas de raison : celles évoquées ci-dessus à titre d’exemple, mais aussi l’allongement de la durée des études, le choix des femmes (et des hommes ?) de rester ou non à la maison pour élever ses enfants, le nombre de naissances 15 – 20 ans en arrière et qui représente le nombre de jeunes qui cherchent aujourd’hui un emploi,… Il va aussi dépendre de la nature des emplois occupés : à plein temps ou à temps partiel (et lequel ? à quelles conditions ?) et de la durée hebdomadaire moyenne du travail : plus cette durée est longue moins d’emplois on crée. …

L’indicateur « évolution du nombre de chômeurs » n’est donc pas très pertinent pour décrire l’état d’une économie et encore moins pour comparer une économie avec une autre, tant son interprétation est hasardeuse. Sauf à décrire un problème de détresse sociale, ce qui supposerait d’ailleurs de savoir précisément comment ce chômage impacte la population et le revenu des ménages. Mieux vaudrait utiliser un indicateur du type « évolution du nombre d’emplois équivalent temps plein et pondérés par le niveau de qualification » ; cet indicateur donnerait une véritable idée du nombre et de la qualité des emplois créés, et permettrait de relativiser le discours souvent larmoyant face à des entreprises en détresse produisant des produits obsolètes ou polluants alors que se créent (ou non !) ailleurs des emplois collectivement plus intéressants et dont on parle beaucoup moins. Pour avoir une vue globale il faudrait alors adjoindre à cet indicateur un autre qui serait représentatif de « l’évolution du niveau et de la distribution des revenus des ménages » (et non des individus), permettant ainsi de lier dynamique économique et qualité de la redistribution qui sont bien là les deux véritables objets de la politique.

Ces indicateurs peuvent être mis en place rapidement comme instruments de pilotage par les politiques et les medias. Un peu de bon sens, bon sang.

FEMERAC