Pour un vote blanc qui compte

Plusieurs lecteurs de mon blog m’ont fait part de leur désaccord sur le fait de traiter de fascistes en puissance les personnes qui votent pour le Front National. Pour eux ce vote est un vote de contestation et même de ras le bol face à l’inaptitude des partis traditionnels à apporter des réponses concrètes à leurs problèmes. Je partage cette argumentation mais je maintiens ma position :

1) Dans une démocratie chaque vote doit être considéré comme responsable.

2) Je ne crois pas une seule seconde à la dédiabolisation du FN.

3) Je suis persuadé qu’au premier tour le nombre de candidats est presque toujours suffisant pour qu’on puisse voter « le moins pire » en cas d’hésitation ou d’engouement limité. Et donc que le vote FN est bien un vote choisi.

Pour autant je suis d’accord que se pose le problème de savoir pour qui voter quand aucun des candidats ne convient au deuxième tour d’une élection. Je renvoie à la valse-hésitation d’une bonne partie de l’électorat dans la confrontation Chirac – Le Pen de 2002. Il y a heureusement eu à cette époque un réconfortant sursaut républicain dont je ne suis pas sûr qu’il se reproduise à l’avenir avec autant d’intensité. Il convient donc de proposer aux français de pouvoir exprimer leur désaccord par un vote blanc qui soit comptabilisé parmi les suffrages exprimés.

Car aujourd’hui voter blanc ne sert à rien et beaucoup de français ne vont pas voter si les quelques candidats qui restent en lice au second tour sont en dehors de leur champ de préférences. Pourquoi en effet se déplacer. Or le vote blanc a bien pour les électeurs cette signification profonde : les candidats en présence sont trop éloignés de leurs idées et ne sont pas considérés comme aptes à les représenter    : c’est une véritable expression dont il faut tenir compte.

La loi de février 2014 a permis de comptabiliser les votes blancs qui ne sont plus désormais mélangés au vote nul ce qui fut un progrès (depuis 1852 !), mais la loi n’est pas allée jusqu’à les intégrer aux suffrages exprimés officiellement parce que le candidat du second tour ayant le plus de voix à la présidentielle pourrait ne plus avoir la majorité absolue et donc ne pas être déclaré élu : c’est ce qui se serait passé en 1995 avec Chirac et en 2012 avec Hollande ! Il faudrait alors revoter.

Mais c’est bien cela qui est intéressant : avec le vote blanc comme suffrage exprimé il est possible que le pays souhaite de nouvelles élections car aucun candidat ne lui convient. Au deuxième tour de ma circonscription aux élections cantonales 2015, l’élu l’a été avec 71 % des voix (c’était contre le FN) mais avec seulement 43 % d’exprimés si on enlève l’abstention et les votes blancs et nuls, soit 30 % des inscrits. Médiocre représentation.

Reconnaitre le vote blanc à part entière c’est faire avancer notre démocratie et c’est peut-être faire reculer le vote pour les forces brunes.

Bon sang mais c’est bien sûr !

FEMERAC

Abonnez-vous au Blog