32ème chronique Les cinq propositions de Nouvelle Donne (1)

Pierre Larrouturou, fondateur en 2013 et co-président de Nouvelle-Donne (parti sympathique mais malheureusement méconnu), auteur bien connu pour militer en faveur des 32 heures depuis des lustres, a écrit en octobre dernier un ouvrage provocateur « Non-assistance à peuple en danger » (Fayard, octobre 2015) où il reproche au président actuel son immobilisme qui conduit à continuer d’augmenter le chômage, lequel ferait, selon Pierre Meneton, chercheur à l’INSERM, entre 10 000 et 20 000 morts par an, d’où le titre du livre.

Pour arrêter cette hémorragie, Larrouturou et Nouvelle Donne proposent cinq mesures pertinentes qui pourraient être facilement et rapidement  mises en œuvre. Les trois premières visent surtout à améliorer le fonctionnement de l’économie et à éviter les pertes d’emplois.

  • Généraliser le chômage partiel : c’est une mesure déjà préconisée en son temps par Arnaud Montebourg, qui n’a pas pu la mettre en œuvre (pourquoi ?) et qui consiste, dans les entreprises en difficulté, à maintenir les salariés dans l’entreprise et à diminuer leur temps de travail et leur salaire, leur revenu étant compensé jusqu’à 95 % par une aide de l’Etat. Ce système, beaucoup moins coûteux que le chômage, a été mis en œuvre au Canada et en Allemagne après la crise de 2008 et a largement fait ses preuves car la chute d’activité, qui a été deux plus brutale en Allemagne qu’en France entre 2009 et 2011  (-4,6 % contre -2,3% car l’économie allemande est plus sensible à la baisse des exportations), s’est traduite par une hausse du chômage presque trois fois moindre (+ 220 000 contre + 600 000) !
  • Séparer les banques de dépôt des banques d’affaire : cette mesure, préconisée par tous les observateurs (sauf les banques !!) après la crise de 2008 permettrait de retrouver le système ayant fonctionné de façon saine aux Etats-Unis depuis le vote du Glass-Seagal Act en 1933 (voté sous Roosevelt en trois mois !) ; cet Act a été largement contourné par les banques dans les années 1970 et abrogé en 1999 par Clinton. Cette mesure empêche les banques de spéculer sur les marchés financiers avec l’argent des dépôts des particuliers et des entreprises, interdisant du coup de mettre en danger les dépôts (ce qui est arrivé en 2008), rendant ainsi les banques (et leurs actionnaires) responsables et obligeant de fait les banques de dépôt (très frileuses !) à réorienter leurs prêts vers l’industrie et l’économie réelle. La loi de 2013 en France sur la régulation et la séparation des activités bancaires ne règle qu’en très petite partie ce problème. Bravo le lobby bancaire !
  • Protéger et renforcer les PME : la grande mortalité des petites entreprises est liée en partie à des problèmes de trésorerie. Seules 36 % des entreprises voient leurs factures payées à l’heure (deux fois moins qu’en Allemagne), souvent du fait des grandes entreprises vis-à-vis de leurs sous-traitants et ceci sans beaucoup de problèmes juridiques. La Caisse des dépôts pourrait au bout du délai légal de paiement (deux mois), reprendre à son compte la créance impayée, payer et engager les procédures de recouvrement. De même une souplesse accrue dans les délais de paiement des charges sociales irait dans le même sens. Enfin, pour favoriser les PME, un tiers des commandes publiques pourraient leur être réservées (comme c’est le cas aux USA, Small Business Act de 1953).

On se demande vraiment pourquoi ces trois mesures simples,  de bon sens et bien connues du président et de son gouvernement, qui disent vouloir faire baisser le chômage, n’ont pas été mises en œuvre.  Les voies du président sont impénétrables !

(à suivre)

Avec un peu de bon sens, bon sang !

FEMERAC

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