Patrick Drahi, les banques et les PME.

On a connu le phénomène du surendettement des ménages américains et Espagnols (ailleurs aussi mais dans une moindre mesure) : pour accroître leur marché les banques prêtent aux ménages sans trop s’enquérir de leur solvabilité et en garantissant leurs prêts sur la valeur du bien acheté. Dès lors la demande sur le marché des biens immobiliers s’accroit, les prix montent, la valeur des biens augmente, les ménages peuvent emprunter davantage en garantissant leurs nouveaux emprunts sur la nouvelle valeur de leurs biens. Et puis… la bulle immobilière se dégonfle, les prix baissent, la valeur des biens diminue, les ménages n’arrivent plus à rembourser (car ils n’étaient pas vraiment solvables et en plus les prêts étaient à taux croissants !), ils doivent vendre à des prix inférieurs à ceux de l’achat et ne peuvent rembourser le capital emprunté aux banques. Lesquelles perdent de l’argent et font faillite car le phénomène est largement répandu ou sont remplumées par l’Etat qui s’endette à son tour,…

C’était il n’y a pas longtemps : en 2008.

Et pourtant les banques n’ont pas l’air d’avoir bien compris le message.

Patrick Drahi, le patron du fonds d’investissement Altice, sis au Luxembourg (c’est plus pratique pour les impôts), après avoir racheté les entreprises du câble dans les années 2000, en France puis à l’étranger, a récemment racheté SFR (11,75 Md d’euros), puis Portugal Telecom (7,4 Md d’euros), et propose de racheter Bouygues Télécom pour 10 milliards d’euros en empruntant, alors que sa dette s’élève déjà à plus de 33 milliards d’euros.

Bien sûr les banques garantissent leurs prêts sur les actifs achetés (et aussi sur la fortune personnelle de P. Drahi qui s’élève à plus de 18 milliards de dollars, mais cachée à Guernesey). Mais que se passera-t-il si la valeur de ces entreprises diminue parce qu’elles sont mal gérées (c’est déjà le cas pour Numéricable dont les clients s’enfuient !) ou simplement parce qu’elles ont visiblement été achetées à des prix trop élevés au regard de leur rentabilité actuelle et future. Le pari sur l’avenir des banques sur P. Drahi et les entreprises de télécom est bien risqué. Davantage en tout cas que le risque pris sur les modestes prêts que les banques refusent aux PME pour continuer à survivre parce que ces dernières n’offrent pas assez de garanties. Ces refus sont d’autant plus surprenants que les banques aujourd’hui obtiennent de l’argent sur les marchés interbancaires alimentés par la Banque Centrale Européenne à des taux ridiculement bas et destinés a priori à relancer l’économie. Mais le banquier  a une sainte horreur du risque et du coup conforte l’adage bien connu : on ne prête qu’aux riches. Par principe et non par raisonnement économique. Le banquier n’est pas mon ennemi car il devrait par essence jouer un rôle central dans le fonctionnement de l’économie en lui fournissant les liquidités dont elle a besoin pour fonctionner ; mais le fonctionnement dévoyé du système financier actuel ne peut susciter que crainte et suspicion.

FEMERAC

PS :

La NSA a espionné Chirac, Sarkozy et Hollande … et ils n’ont toujours pas trouvé quelle était la stratégie économique et politique de la France. Tout ça pour rien !

 

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