La politique économique… à quoi ça sert ? En vrai.

Avant de continuer mon feuilleton sur ce que devrait faire un vrai président, il faut que je m’attarde un peu sur les finalités de la politique économique. Pour revenir à des fondamentaux oubliés par beaucoup d’acteurs.

Alors la politique ça sert à quoi ?  Cette question n’est pas formelle. Elle permet d’avoir en permanence un guide dans l’action à mener. Il y a beaucoup trop de politiques menées dont on se demande par quoi elles sont guidées.

On pourrait dire : ça sert à améliorer le bien-être global de tous les citoyens concernés par la politique mise en œuvre. C’est un peu sibyllin, mais on peut le dire autrement : la politique cela sert à fournir à chacun de quoi vivre correctement avec un accès facile à un espace lui proposant tous les services nécessaires (santé, transport, éducation,…). Cela ressemble à la formule « A chacun selon ses besoins » mais sans la vision démagogique (tu as besoin de quoi toi ? Un os à ronger me suffit ! Tu as de la chance car moi j’ai besoin de caviar midi et soir ! Dur… dur !).

Je préfère finalement dire : la politique c’est faire en sorte que personne ne soit exclu d’un confort minimal et, ce qui est aussi important, que la situation du plus grand nombre ne se dégrade pas quelle que soit la situation économique.

De manière très concrète cela veut dire d’abord qu’on ne peut pas accepter :

  • De voir des gens en dessous du seuil de pauvreté (un peu moins de 1 000 euros aujourd’hui par mois et par unité de consommation (1).
  • De voir se dégrader la situation économique de 90 % de la population si la situation des 10 % les plus riches s’améliore.

Et ceci n’est pas du tout démagogique. C’est du bon sens (bon sang !). Car

  • Pour ramener au-dessus du seuil de pauvreté les 14,5 % de français concernés aujourd’hui (soit plus de 8 millions), il suffirait de leur redistribuer, selon mes propres calculs à partir des données sociales de l’INSEE, environ 15-20 milliards d’euros par an (soit 0,75- 1,00 % du PIB qui atteint plus de 2000 milliards d’euros). Pas très compliqué, non ! Surtout qu’un grand pas est déjà fait aujourd’hui notamment avec les prestations familiales, l’allocation logement et les minimaux sociaux (les Caisses d’Allocation Familiales ont versé en 2012 près de 65 milliards d’euros d’allocations). Alors, encore un petit effort de solidarité.
  • Il faut savoir que depuis la crise de 2008 seuls les 10% des ménages les plus riches ont vu leurs revenus augmenter ! Ceci va donc à l’inverse de l’objectif que j’ai fixé (et qui est tout à fait original, il faut bien le dire). Qui sont ces 10 % des français les plus riches ? Alors que le revenu moyen des ménages (déclaré aux impôts, seule source de connaissance du revenu des 36 millions de foyers fiscaux dont 55 % sont effectivement imposables sur le revenu) est en France de l’ordre de 22 000 euros par an et par UC, celui des 12 % les plus riches (4,5 millions) est supérieur à 40 000 euros/an/UC et celui des 2 % les plus riches (0,5 million) est supérieur à 100 000 euros/an/UC (Cf INSEE ou Piketty).

Ce que je propose revient à faire financer par les 10 % les plus riches les aléas de la conjoncture économique, ce qui est à la fois

  • juste : l’impôt sur le revenu moyen de cette partie de la population est en fait peu progressif (cf les travaux de Piketty) et elle a beaucoup bénéficié des réductions d’impôts (notamment grâce à l’abaissement à 40 % du taux marginal d’imposition sous la présidence de N. Sarkozy).
  • et économiquement efficace : car l’impôt supplémentaire qu’il leur serait demandé est en fait une diminution de leur épargne ou une diminution de leur consommation de biens de luxe, ce qui n’a qu’un effet marginal sur l’économie. Alors que maintenir ou faire croitre les revenus des autres, c’est de la consommation et donc de la croissance et de l’emploi supplémentaires.

Bien sûr pour arriver à l’objectif que j’ai ainsi fixé, il ne suffit pas de faire davantage payer les gens les plus aisés quand la situation économique le requiert, il faut que la politique menée améliore cette situation : faire diminuer le chômage, rendre les entreprises créatrices de richesses (ce qui est autre chose que d’améliorer leur trésorerie), améliorer l’espace public, mobiliser les acteurs, respecter l’environnement…En réalité il suffit de pas grand chose : ce sera la suite de mon feuilleton.

(1) L’unité de consommation UC (ou équivalent adulte) sert à tenir compte de la taille des familles (elle vaut 1 pour un adulte, 0,5 pour le deuxième adulte ou un enfant à charge de plus de 14 ans et 0,3 pour un enfant de moins de 14 ans). Le seuil de pauvreté de 1000 euros par UC (calculé comme 60% du salaire médian en France) est donc d’environ 2 300 euros pour une famille composée d’un couple et de 2 enfants dont l’un de plus de 16 ans (2,1 UC).

FEMERAC

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